Suppression des régimes de visa au pair au Luxembourg

Pétition publique n°3653

Pétitionnaire : Abner Andrey Martinez Zamudio

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Objet de la pétition

Cette pétition demande la suppression immédiate des régimes de visa au pair au Luxembourg. Le programme au pair repose sur une fiction : l'idée d'un échange culturel équilibré entre une "jeune étrangère" et une "famille d'accueil". Dans la pratique, il s'agit d'un emploi déguisé. Ces jeunes femmes - car ce sont presque exclusivement des femmes - travaillent jusqu'à 30 heures par semaine, sans reconnaissance contractuelle ni protections équivalentes à celles prévues par le Code du Travail. Elles nettoient, gardent des enfants, cuisinent - des tâches domestiques qui relèvent clairement d'un emploi salarié - mais sont rémunérées par une simple "paye de poche", souvent inférieure à 500 euros par mois. Cela ne répond ni aux exigences d'un emploi équitable, ni à celles d'un véritable échange interculturel. Il n'existe aucune justification morale, économique ou culturelle à maintenir un système aussi asymétrique et potentiellement abusif. Si le Luxembourg souhaite rester cohérent avec ses engagements en matière de justice sociale et de droits du travail, il doit mettre fin à ce régime d'exception.

Motivation de la pétition

Alors même que tous les autres secteurs sont scrutés, régulés, et protégés contre la concurrence déloyale et l'exploitation, le dispositif au pair demeure largement exempt de telles exigences, dissimulé sous le vernis lexical d'une "expérience multiculturelle" et justifié par la prétendue réciprocité d'un échange enrichissant. Sous couvert d'"échange culturel", il permet à des familles jouissant de tous les droits sociaux et juridiques d'employer des jeunes étrangères à un coût dérisoire, dans des conditions que le droit du travail jugerait inacceptables dans n'importe quel autre contexte. Pourquoi ce régime échappe-t-il à toute réforme ? Pourquoi accepte-t-on qu'un emploi déguisé soit toléré - voire promu - dès lors qu'il est exercé par une femme jeune, étrangère et dépendante ? Est-ce parce qu'un service domestique à domicile ne serait plus accessible à un coût éthique ? Ou est-il simplement plus commode de maintenir le mythe de l'échange que de regarder en face les conditions réelles d'exercice de ce travail ? Les personnes au pair sont juridiquement et matériellement dépendantes de leur famille d'accueil pour leur logement, leur nourriture, leur titre de séjour et leur revenu. Cette dépendance intégrale crée une asymétrie structurelle de pouvoir qui empêche toute contestation sans mettre en péril leur statut. Même lorsqu'elles connaissent leurs droits - ce qui n'est pas garanti - les moyens de les faire valoir sont quasiment inexistants dans la pratique, à la fois sur le plan institutionnel et dans le cadre privé. Ce système n'est pas un anachronisme innocent. Il s'inscrit dans une continuité historique de domesticité féminine importée et mal rémunérée. L'étiquette "au pair" sert de camouflage moderne à ce qui est, dans les faits, une structure institutionnalisée d'exploitation. Il s'agit d'un angle mort législatif, d'une exception culturelle implicite qui bénéficie aux ménages les plus favorisés, au détriment de jeunes femmes économiquement vulnérables. Il s'agit d'une domesticité importée et institutionnalisée, modernisée par le langage mais inchangée dans sa logique : une main-d'oeuvre féminine, vulnérable et bon marché, mise au service de ménages aisés, et au détriment de jeunes femmes issues de pays économiquement plus fragiles. Ce modèle révèle une contradiction manifeste dans la politique migratoire du Luxembourg. Si l'on prétend que les jeunes femmes acceptent des conditions précaires en échange de la richesse culturelle du pays, alors il faudrait se demander : existe-t-il des cas documentés de personnes payant 1 500 EUR par mois pour accéder à cette "expérience culturelle" sans avoir à fournir de travail domestique en retour ? La réponse est non - et pour cause : les règles d'immigration luxembourgeoises refusent explicitement la délivrance de visas à des personnes étrangères souhaitant venir uniquement pour apprendre une langue ou découvrir la culture du pays. Ce motif est jugé insuffisant. En revanche, si cette même motivation culturelle est associée à un emploi déguisé, mal rémunéré et exercé dans un contexte de dépendance, l'entrée sur le territoire devient possible - et même facilitée. Autrement dit : sans travail, pas de culture ; avec travail précaire, la culture devient soudainement accessible. Voilà le coeur du paradoxe. Enfin, transposons ce modèle à d'autres professions : imaginer l'arrivée de médecins cubains employés au Luxembourg pour 500 euros par mois, au nom d'un "échange culturel", provoquerait immédiatement une levée de boucliers syndicale et une condamnation unanime pour dumping social. Le problème n'est donc pas l'ignorance - c'est le consentement tacite à une injustice parce qu'elle est silencieuse, genrée et privée. Tant que cette exception demeure, la promesse de justice sociale et d'égalité de traitement restera incomplète, sélective - et fondamentalement incohérente.

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Informations clés

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Date de dépôt

20/04/2025

Ouverture de la collecte de signatures

05/06/2025

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